Des dizaines d’habitants de la ville d’Aguereb ont été condamnés à des peines de prison, certaines pendant des années, pour avoir manifesté contre une énorme décharge dans un parc national voisin.

Des dizaines d'habitants de la ville d'Aguereb ont été condamnés à des peines de prison, certaines pendant des années, pour avoir manifesté contre une énorme décharge dans un parc national voisin.
Houseem Zourari/AFP.

Plusieurs dizaines de militants engagés dans la cause environnementale ont fait appel des peines d’emprisonnement qui ont été laissées pour avoir protesté contre la contamination d’une décharge de grande envergure située dans un parc national. Selon leur point de vue, cette décharge aurait entraîné des problèmes de santé majeurs au sein de la population.

Située à Aguereb, une localité rurale abritant environ 40 000 habitants, se trouve l’une des réserves naturelles les plus vastes de Tunisie, El Gonna. Cependant, en 2008, elle a été transformée en une immense décharge desservant environ un million de personnes dans les régions environnantes, ainsi que le principal centre industriel de Tunisie, dans la ville voisine de Sfax.

Le 10 juin, 38 militants écologistes d’Aguereb, situés à 300 km au sud de la capitale Tunis, ont été traduits en justice et condamnés à des peines de prison allant de huit mois à plusieurs années pour leur participation à des manifestations contre la décharge. Celle-ci a finalement été fermée en 2021.

Les habitants d’Aguereb se sont fondés sur un mouvement appelé “Menich Msab”, qui signifie littéralement “Je ne suis pas une décharge”. Ce, regroupant diverses personnes allant de professeurs de théâtre à des graffeurs et des graphistes, est né en 2016 sous forme d’expression artistique. À cette époque, ses membres créaient des vêtements à partir de déchets, organisaient des rassemblements sur la place de la ville avec des masques de peste, et réalisaient des graffitis dénonçant la situation de la décharge.

La décharge, qui a été fermée en 2021 suite à d’importantes manifestations, a eu des conséquences négatives sur la santé des personnes vivant à proximité. Les militants artistes du mouvement Menich Msab se sont transformés en leaders locaux, et l’un d’entre eux a même été élu au parlement en mars dernier.

Cette situation a été le fruit de nombreuses années d’expérience d’effets néfastes sur la vie quotidienne des habitants d’Aguereb, allant des odeurs nauséabondes aux problèmes de santé grandissants. Malgré les poursuites judiciaires et les difficultés rencontrées, les militants continuent de lutter contre la problématique de la gestion des déchets, cherchant à réduire la pollution dans leur région.

By mel