Un total de 262 personnes ont été arrêtées à N’Djamena lors d’une manifestation violemment réprimée en octobre, avec une cinquantaine de personnes tuées par balles, ont été condamnées de 2 à 3 ans de prison ferme dans un procès de masse à huis-clos et sans avocats, a annoncé lundi le parquet.

Les soldats tchadiens gardent des prisonniers dans la cour d'une prison de gendarmerie
Voixafrique.com

Le tribunal tchadien a prononcé des peines de prison allant de deux à trois ans à plus de 260 personnes arrêtées après des manifestations antigouvernementales en octobre, tandis que les avocats de la défense ont affirmé que le procès était « illégal ».

Au total, 401 personnes ont été jugées en masse à la prison de Koro Toro, une prison de haute sécurité située dans le désert, à 600 km (375 miles) de la capitale N’Djamena la semaine dernière.

S’exprimant lors d’une conférence de presse lundi, le procureur Moussa Wade Djibrine a déclaré que 262 personnes ont été condamnées à des peines de prison, 80 ont été condamnées à des peines avec sursis et 59 ont été acquittées, a rapporté l’agence de presse AFP.

Le procès s’est terminé vendredi après quatre jours, seule la télévision d’État ayant le droit de fournir une couverture, et les peines ont été prononcées lundi après le retour du procureur dans la capitale.

Les accusés ont été accusés de participation à un rassemblement non autorisé, de destruction de biens, d’incendie volontaire et de trouble à l’ordre public.

Environ 50 personnes, dont 10 membres des forces de sécurité, sont mortes lorsque la police a ouvert le feu sur des manifestants à N’Djamena et dans plusieurs autres villes le 20 octobre, selon un bilan officiel.

Mais les groupes d’opposition affirment que le nombre réel était beaucoup plus élevé et que des civils non armés ont fait l’objet d’un massacre.

Les ONG locales et internationales, l’Union européenne et l’Union africaine ont condamné la répression sanglante et le recours à la violence contre les civils.

Les avocats tchadiens ont boycotté la procédure au motif du transfert « illégal » loin du regard public sur le procès. Beaucoup ont cessé de travailler pendant et après le procès, le barreau tchadien le qualifiant de “parodie de justicecar les accusés ont été “kidnappés” et “déportés” à Koro Toro, a rapporté l’AFP.

Le barreau a déclaré qu’il ferait appel de la décision du tribunal.

Les manifestations avaient été organisées pour marquer la date à laquelle l’armée au pouvoir au Tchad avait initialement promis de céder le pouvoir – un délai qui a maintenant été prolongé de deux ans.

L’homme fort, le général Mahamat Idriss Deby Itno, a accusé les manifestants “d’insurrection et de tentative de coup d’État”.

Deby, âgé de 38 ans, a pris le pouvoir lorsque son père, Idriss Deby Itno, qui avait dirigé l’État aride du Sahel pendant 30 ans, est décédé lors d’une opération contre les rebelles en avril 2021.

Les autorités avaient précédemment indiqué que 601 personnes, dont 83 mineurs, avaient été arrêtées dans la seule zone de N’Djamena et conduites à Koro Toro.

Environ 80 mineurs qui y sont détenus ont été reconduits à N’Djamena, où ils resteront dans une prison avant de comparaître devant un tribunal spécial pour enfants, a indiqué lundi le procureur, selon l’AFP.

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