L’attentat de dimanche visait ceux qui assistaient à un rassemblement pour le parti politique religieux Jamiat Uleme-e-Islam-Fazal (JUIF) dans le district tribal de Bajaur

France 24 – Youtube.

En juillet dernier, un attentat-suicide meurtrier a eu lieu lors d’un rassemblement politique dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, au nord-ouest du Pakistan, mettant en évidence une tendance alarmante à la violence dans la région. L’attaque visait un rassemblement du parti politique religieux Jamiat Uleme-e-Islam-Fazal (JUIF) dans le district tribal de Bajaur, à environ 130 km de Peshawar, la capitale provinciale. Au moins 54 personnes ont été tuées et 200 autres blessées lors de cet attentat, faisant de juillet le deuxième mois le plus meurtrier au Pakistan cette année, selon l’Institut pakistanais d’études sur les conflits et la sécurité (PICSS), basé à Islamabad.

Peu de temps après l’attaque, l’État islamique dans la province de Khorasan (ISIS-K), une filiale régionale de l’EIIL, a revendiqué la responsabilité de cet acte. Selon le chercheur Ricardo Valle de la plate-forme de recherche non partisane The Khorasan Diary, cette attaque s’inscrit dans une “longue histoire” d’inimitié entre l’ISIS-K et le JUIF de Bajaur, remontant au moins à 2019.

Valle explique que l’ISIS-K perçoit le JUIF comme soutenant la démocratie, croyant en un système républicain plutôt qu’en un système islamique, et préférant des États nationaux plutôt que la notion d’Oummah (communauté musulmane mondiale). De plus, l’ISIS-K considère le JUIF comme le bras politique des talibans afghans au Pakistan, les frappant comme des alliés proches. Cette situation a provoqué l’escalade des tensions et l’acte terroriste perpétré lors du rassemblement politique.

Cette attaque s’inscrit dans une tendance croissante d’incidents violents au Pakistan cette année. Selon le PICSS, le pays connaît une augmentation significative de 79 % des attaques de militants au cours du premier semestre de cette année par rapport à la même période de l’année précédente. La plupart de ces attaques ont eu lieu dans la province de Khyber Pakhtunkhwa et ses districts tribaux, suivis d’incidents dans la province du Balouchistan.

La montée de la violence au Pakistan est principalement liée à l’activité accrue de Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), un groupe interdit idéologiquement aligné sur les talibans afghans. Depuis que les talibans afghans ont pris le contrôle de Kaboul en août 2021, le TTP a concentré ses attaques sur les forces de l’ordre pakistanaises et a mené de nombreuses attaques de différentes tailles.

L’attaque contre le rassemblement politique du JUIF soulève également des inquiétudes quant à la possibilité de violences pré-électorales, car le Pakistan doit organiser des élections générales plus tard cette année. Cependant, les experts soulignent que la violence actuelle n’est pas liée aux élections, mais plutôt à la dégradation générale du paysage sécuritaire du pays.

La situation politique instable et les problèmes économiques du pays pourraient également aggraver la situation sécuritaire. Les factions du TTP et de l’ISIS-K pourraient profiter de la faiblesse du gouvernement pour mener davantage d’attaques contre les forces de sécurité.

En conclusion, l’attentat de juillet à Bajaur a mis en évidence une tendance inquiétante à la violence dans la région, et les autorités pakistanaises devront prendre des mesures pour contrôler cette situation et assurer la sécurité des citoyens.

By mel