Dans un contexte de tensions croissantes au Moyen-Orient, l’Égypte se trouve au cœur de rumeurs contradictoires concernant sa préparation à accueillir d’éventuels réfugiés de la bande de Gaza, en particulier de la ville de Rafah, suite à une possible offensive israélienne. Des informations parues dans le Wall Street Journal et relayées par l’agence Reuters font état de l’aménagement par l’Égypte d’un terrain de 20 kilomètres carrés près de Gaza, destiné à accueillir plus de 100 000 personnes. Cette zone, selon les sources non identifiées, serait entourée d’une grande muraille pour héberger les Gazaouis fuyant le conflit.

Des Palestiniens déplacés, qui ont fui leurs maisons à cause des frappes israéliennes sur la bande de Gaza, s’abritent dans un camp de tentes, à Rafah, le 8 février 2024. © Ibraheem Abu Mustafa / Reurters

Le 8 février 2024 a marqué une étape supplémentaire dans la crise humanitaire, avec des images poignantes de Palestiniens déplacés, cherchant refuge dans un camp de tentes à Rafah, suite aux frappes israéliennes sur Gaza. Ces scènes rappellent l’ampleur des déplacements forcés au sein de cette région assiégée.

Face à ces allégations, les autorités égyptiennes ont rapidement démenti tout projet de camp pour réfugiés palestiniens dans le Sinaï, une région déjà marquée par sa propre complexité sécuritaire et politique. Alexandre Buccianti, correspondant au Caire, rapporte que l’Égypte maintient sa position contre un déplacement forcé des Gazaouis, une stance soutenue par l’ensemble des gouvernements arabes. Ils craignent une répétition de la Nakba de 1948, symbole du déracinement palestinien.

Lors d’une rencontre entre le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et son homologue turc Recep Tayip Erdogan, les deux dirigeants ont exprimé leur inquiétude quant à une offensive sur Rafah, soulignant le risque d’aggraver la situation humanitaire et de compromettre tout espoir de paix.

La perspective d’un afflux de réfugiés de Gaza vers l’Égypte suscite également l’attention internationale. Filippo Grandi, responsable de l’agence de l’ONU pour les réfugiés, a insisté sur l’importance d’éviter ce scénario, le qualifiant de potentiellement “catastrophique” tant pour les Palestiniens que pour l’Égypte. Selon lui, cela menacerait gravement les perspectives d’un processus de paix dans la région.

La frontière de 14 kilomètres entre l’Égypte et Gaza, fortement fortifiée et surveillée, témoigne de la complexité des relations et des tensions sécuritaires prévalant dans cette zone stratégique. Les récents renforcements militaires égyptiens à la frontière soulignent la gravité de la situation et la détermination du Caire à contrôler les flux de population.

Alors que l’Égypte navigue entre les pressions internationales, la solidarité arabe et les impératifs de sécurité nationale, l’avenir des réfugiés de Gaza demeure incertain. La crise humanitaire dans la bande de Gaza, exacerbée par les restrictions et les conflits, requiert une réponse coordonnée et humanitaire urgente, au-delà des calculs politiques et stratégiques.

By mel