Au début du mois de juillet, l’Institut du monde arabe (IMA) a reçu une pièce d’une rareté exceptionnelle de la part des douanes françaises. Il s’agit d’une page d’un Coran vieux de plus de 1 000 ans, qui avait été saisi lors d’un contrôle effectué par des agents de Rungis (Val-de-Marne) en décembre 2020. Jusqu’au 6 juillet dernier, cette page était entre les mains de la direction régionale des douanes de Paris-Est, après avoir été trouvée à l’intérieur d’un colis expédié vers Dubaï à l’issue d’une vente aux enchères parisienne.
Lors du contrôle de l’exportation, les douaniers ont découvert un folio manuscrit en encre brune rehaussée de polychrome sur parchemin, qui leur a semblé très ancien. Ils ont saisi le ministère de la Culture pour expertise, et celui-ci a rapidement confirmé qu’il s’agissait d’une œuvre reconnue comme un bien culturel faisant partie de l’Annexe I du Règlement (CE) n° 116/2009, et ne pouvant quitter le territoire sans une licence d’exportation. En conséquence, la maison de vente a décidé de ne pas procéder à l’expédition.
Ce folio manuscrit, déclaré comme un “objet d’antiquité ayant plus de cent ans d’âge”, est en fait une page d’un exemplaire du Coran daté du IXe siècle. Après de nombreuses années d’échanges entre les autorités douanières et la Direction régionale des Affaires culturelles d’Île-de-France, il a été offert en donation à l’IMA.
En raison de sa valeur historique, culturelle et artistique, ce document précieux viendra enrichir le fond muséal de l’IMA, un centre culturel dédié au monde arabe. Les douanes ont affirmé que cette page du Coran pourra être admirée par tous.
Ce manuscrit vient ainsi agrandir la collection d’art islamique de l’IMA, qui compte déjà environ 620 pièces ou lots. À titre de comparaison, le Département des arts de l’islam du musée du Louvre en possède environ 15 000, ce qui témoigne de la richesse et de la diversité des créations artistiques des terres de l’islam entre le VIIe et le XIXe siècle, de l’Espagne à l’Inde.