Cette histoire émouvante de Hajj Hatem, un père  de 70 ans, parti au Yémen pour sauver sa fille, enceinte, et ses deux petits-enfants est racontée par le CICR.

Quand Hatem apprend que son gendre est décédé lors d’une attaque lancée par les chiites Houthis sur un institut sunnite d’apprentissage religieux “Dar al Hadith”, installé à Dammaj dans le nord du Yémen, il jure de faire le trajet depuis le Maroc pour les mettre en sécurité.

Un long voyage de Fès, sa ville natale, jusqu’à Saada, dans le nord du Yémen

« Je resterai assis sur cette pierre jusqu’à ce que vous ayez ramené ma fille », affirme le vieil homme, d’une voix étranglée par les larmes. Le voyage a été long depuis Fès (Maroc), sa ville natale, jusqu’à Saada, dans le nord du Yémen. Pourtant, rien n’aurait su empêcher Hatem Ben Hammou, 70 ans, d’aller chercher sa fille, Samira, à Dammaj, où elle vivait depuis cinq ans.

Hajj Hatem, comme l’appelle la population locale, apprend la mort de son gendre deux mois auparavant. Sa fille, qu’il n’a pas vue depuis des années, ne se rend pas dans la famille à l’occasion de l’Aïd el-Fitr, car son mari vient de succomber à de graves blessures provoquées par l’explosion d’un obus de mortier. Il laisse derrière lui une femme enceinte de six mois et deux petits garçons d’un et trois ans.

« Elle m’a dit que les combats l’empêchaient de quitter la ville, donc je lui ai promis d’aller la chercher », explique Hajj Hatem.

Ce père de neuf enfants, retraité, met deux mois pour obtenir son visa yéménite et des jours pour se rendre de Sanaa à Saada. Il est hébergé par la population locale et reçoit un accueil chaleureux de la mosquée. Mais il pleure chaque jour, car ses espoirs de retrouver sa fille s’amenuisent à chaque tir de mortier ou de tireur embusqué.

Sans parler un mot d’arabe

Hajj Hatem n’a cependant nullement l’intention d’abandonner son projet. Sans parler un mot d’arabe, il réussit à faire comprendre sa détresse en français rudimentaire et en berbère, sa langue maternelle.

« J’ai téléphoné à tout le monde. J’ai appelé l’ambassade et les autorités. Je leur ai dit : “Je suis là et je veux récupérer ma fille.” », explique-t-il au Comité international de la Croix-Rouge (CICR). « On m’a dit que j’étais fou et que si j’y allais seul, je mourrais. Je leur ai répondu : “Si je dois rentrer chez moi sans ma fille, c’est mon cœur qui mourra.” »

Le 4 novembre, Hajj Hatem apprend qu’un convoi du CICR va essayer d’entrer dans Dammaj pour rapatrier les personnes les plus grièvement blessées. Quand le convoi arrive au point de contrôle de Khaniq, il supplie le chef de la délégation du CICR d’évacuer sa fille enceinte et ses deux enfants. Hajj Hatem fond en larmes et demande à pouvoir intégrer le convoi, sinon il se rendra seul, à pied, dans la ville, affirme-t-il. On lui répond que ce jour-là, la priorité est de rapatrier les personnes les plus grièvement blessées. Seule une poignée de voitures sont disponibles. Hajj Hatem hoche la tête et déclare qu’il restera assis à attendre sur sa pierre jusqu’à ce que sa fille soit hors de danger.

Lors de la première série d’évacuations, le CICR réussit à mettre 23 personnes en sécurité… mais pas Samira, qui est sur le point d’accoucher et dont le père est toujours en train de l’attendre dans son petit coin.

« Papa est là, tout ira bien, Al-Hamdoulillah »

 Hajj Hatem serrant dans ses bras sa fille et son bébé au point de contrôle de Khaniq. © CICR
Hajj Hatem serrant dans ses bras sa fille et son bébé © CICR

Le CICR met plusieurs jours à obtenir les garanties de sécurité nécessaires pour entrer de nouveau dans Dammaj. La détresse du vieil homme qui a parcouru la moitié du globe pour venir chercher sa fille est si bouleversante que toutes les parties aux combats conviennent que Samira devra faire partie du prochain groupe et sera la première personne civile non blessée à quitter la ville.

Le 8 novembre, Hajj Hatem retrouve sa fille et ses deux petits-enfants qu’il n’a jamais vus. Ils sont évacués par le deuxième convoi du CICR à Dammaj avec 44 blessés et transportés en avion à Sanaa. De là, ils reprendront le chemin de la maison, avec l’aide de l’ambassade du Maroc.

« Papa est là, tout ira bien, Al-Hamdoulillah », répète Hajj Hatem, la nuit du départ, tandis que son petit-fils aîné tire sur sa barbe blanche en riant aux éclats.

By Mohamed

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12 thoughts on “L’histoire émouvante de Hajj Hatem, un marocain de 70 ans, parti au Yemen pour sauver sa fille”
  1. Franchement, j’ai eu les larmes aux yeux.

    c’est une histoire très émouvante d’un homme vraiment courageux … ce que l’on appelle un vrai Homme.

    Oui, chez nous les vrais berbères (qui ont su garder leurs principes), la famille est tout.

    El hamdoulillah tout s’est bien passé, et in sha ALLAH, ALLAH aza wa jal leur facilitera la suite .

  2. j’ai eu du mal à lire tellement les larmes me coulaient. Quel papa mashallah que Dieu les protègent ainsi que toutes les familles opprimées inch’allah

  3. ALLAHouma barik! Quel homme et quel pere qui a 70 ans se soucie toujour autant de ses enfants!!!! Tres touchant….Qu ALLAH preserve nos frères et soeurs a Dammaj. Amin.

  4. Un ami de la famille…le plus courageux mashallah. Que Dieu le recompense et adoucisse la peine de sa fille pour la perte de son mari encore tres jeune…

  5. As salam alaykoum
    Moi aussi j’ai eu un pincement au cœur! Quel beau courage
    Je n’ai pas pu retenir mes larmes en pensant au trajet qu’il a fait et à l’espoir de retrouver sa fille et des petits enfants.
    Ça c’est un vrai père au cœur gros comme ça!
    Qu’Allah le soulage comme il a soulagé sa fille

    Hasbi Allahou wa ni3ma El wakil

  6. cette histoire fera un extraordinaire scenario pour un film afin qu’il soit par tout les hommes de la planète qui abandonnes leurs enfants un jour.elle est vraiment émouvante.
    ce pere merite le paradis.

  7. j en ai la gorge nouée MASHALLAH!!! les veritables hommes de nos vies a nous femmes resterons nos péres a jamais !!!

  8. Il s’appelle pas Hatim, son village natal est sis au Sud Est Marocain tout près du miens et j’ai de la famille qui sont voisin avec eux .. d’ailleurs si sa ville natale était Fès il aurait appris un bon arabe maroain meme si c’est un berbere ..
    Ils avait contacté l’ambassadeur du Maroc au Yemen avant de préparer le voyage. l’ambassadeur lui meme (Mohamed H.) étant Berbere de la région pas loin d’ici.

  9. Salam,

    Moi j’ai plus pleurer pour le mari qu’est décidé car c’était mon ami d’enfance Allah ira7mou,

  10. salam je suis un musulman,et aprés que je entendu et lus cette histoire je eu aml pour lui,donc je demande au seigneur de nous protége et met leur en sécurité,inchallah.

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